samedi 7 avril 2012

La dépensée des bines




Définitivement, un air d'aller. On sent le vent dans nos cheveux, et il ne vient pas d'un ventilateur (celui de l'appartement est hors-service, indeed). Autrement dit, on ne sait pas où, mais on a l'impression d'aller quelque part. Comme Tiger-Tony-with-golden-sunglasses-and-a-tape-recorder le dit, " l'improbable se passe comme prévu ". Déjà, on fait germer l'idée d'une procession silencieuse pour protester contre les carences éducatives chroniques du pays, en sensibilisant. L'activiste chez qui on reste cherche en ce moment même des stratégies non violentes de lutte pour stimuler, piquer l'esprit critique d'un pays où l'on vote pour celui qui nous donne des bines (avant l'élection, des fèves, après l'élection, des coups). Les politiciens n'existent que pendant les campagnes électorales, et alors c'est la manne, il faut en profiter. Après, on continue comme avant. Noël aux quatre-cinq ans, au point où on peut dire que les partis politiques, de par leurs stratégies, donnent des cours d'Histoire. 

- Amigo, ¿que es la democracia?
- Cuando la gente vota, ¿verdad?

Au Québec, on sait lire, dans le sens bien alphabétisés. Veut pas dire qu'on sait critiquer, alors imaginez un peu quand on sait pas trop lire. 

Une triste constante de la République dominicaine, aux dires des Dominicains que l'on côtoie, c'est le règne absolu de l'apparence, à un point quasi caricatural. L'argent, el dinero main dans la main avec l'image; un mariage de déraison qui n'engendre que des illusions. Je dépense, donc je suis. J'ai les vêtements tissés par la dictée des moeurs, quitte à avoir le ventre moins plein. Tissu social? Famille, et tissu tout court. Je suis tributaire de télé-visions dans le futur, qui ne sont qu'un aujourd'hui dans un nouvel emballage. Je déparle, sans m'en rendre compte, j'écris la dictée, sans le Savoir, ce n'est même plus un exercice. Ma grammaire et ma syntaxe sociale paraissent exemplaires, mais ça ne veut pas dire que je fais du sens. Mes idées déparlent en calquant une image déjà trop pâle de la vie. Je dépense, la pensée désarticulassée: les hommes à cravates rient de moi, mais je ne vois que leur sourire. 

Bref, il y a beaucoup de place pour le changement, pour la lutte ici, et tous nos amis du Café Colao s'attèlent à déchirer les fibres convenues. 




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