Récemment, sur un réseau social, on débattait du rôle de ce qu'on appelle l'art engagé, dans le contexte de la lutte étudiante pour un meilleur accès à l'éducation. Bien que fermement contre la hausse, je concentrerai mon propos sur cette "forme" d'art.
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Si je résume un peu, certains considéraient qu'une initiative étudiante fraîche et créative, la Chorale des Grévistes (http://www.youtube.com/watch?v=7XnmD6OStSk&feature=youtu.be), gagnerait à être davantage diagonale (dira-t-on tranchante), dérangeante et empreinte de la sensibilité propre à l'artiste pour porter son message.
Ces commentaires ont aidés à stimuler la réflexion autour de ce projet, j’en remercie d’ailleurs les auteurs au passage. Cela dit, je tiens à partager mon désaccord sur l’idée que l’objectif de toute action dite engagée soit un dérangement qui s’inscrit dans le cadre d'une guerre. Toute la discussion a tiré son origine de ce postulat belliqueux. Il y a, à mon humble avis, un autre penchant des manoeuvres engagées qui mérite tout autant d’attention: sa capacité de rallier, donc en premier temps d’inspirer.
Ces commentaires ont aidés à stimuler la réflexion autour de ce projet, j’en remercie d’ailleurs les auteurs au passage. Cela dit, je tiens à partager mon désaccord sur l’idée que l’objectif de toute action dite engagée soit un dérangement qui s’inscrit dans le cadre d'une guerre. Toute la discussion a tiré son origine de ce postulat belliqueux. Il y a, à mon humble avis, un autre penchant des manoeuvres engagées qui mérite tout autant d’attention: sa capacité de rallier, donc en premier temps d’inspirer.
La portée critique d’une oeuvre n’est pas le seul aspect qui puisse faire voyager une idée ou un sentiment (surtout que poussée à l'extrême, la critique paraît plus stérile qu'autre chose): si l’on pense l’engagement de l’artiste à la fois comme le fruit d’une sensibilité à un certain enjeu, et comme la semence d’une ouverture à cet enjeu, le message peut gagner en fécondité, donc en portée, en influence, en potentiel de conscientisation (n'y a-t-il pas des graines dans les fruits?). L’oeuvre serait alors vue comme une amorce, une nouvelle fenêtre: de la fissure dans son être, l’artiste aurait pratiqué une brèche dans le quotidien du monde.
Cela dit, je reste convaincu que les deux approches (critique et “inspirante”) soient complémentaires, et toutes deux souhaitables dans la lutte, surtout quand on sait que l’action “inspirante” peut facilement glisser dans la mythification et la propagande. Bref, déconstruire oui, mais aussi proposer et insuffler. En considérant les apports cumulés de ces deux approches, on se retrouve donc avec un mouvement capable de critiquer, de se critiquer et d’inspirer, d’ouvrir; un mouvement diagonal, audacieux, parfois dérangeant et toujours sensible.
Cela dit, je reste convaincu que les deux approches (critique et “inspirante”) soient complémentaires, et toutes deux souhaitables dans la lutte, surtout quand on sait que l’action “inspirante” peut facilement glisser dans la mythification et la propagande. Bref, déconstruire oui, mais aussi proposer et insuffler. En considérant les apports cumulés de ces deux approches, on se retrouve donc avec un mouvement capable de critiquer, de se critiquer et d’inspirer, d’ouvrir; un mouvement diagonal, audacieux, parfois dérangeant et toujours sensible.
Ce n'est pas pour rien que cette perspective me soit venue depuis la République dominicaine. L'organisation pour laquelle je travaille a entre autres pour mission de payer les études à des jeunes Dominicains pour qui l'université ne serait qu'une chimère autrement. Je ne souhaite pas qu'il en soit de même pour mes confrères et consoeurs d'aujourd'hui et de demain.
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