dimanche 29 janvier 2012

Time and being



Loin, loin de moi la volonté de parler du philosophe Heidegger, il faudrait pour cela que je lise son livre Time and being huit fois, et comme me le dirait certainement mon ami Binot; "Tu ne peux pas vraiment comprendre un philosophe sans avoir lu tout ce qui a été écrit avant lui" (donc probablement de Socrate à Husserl). Tâche immense, travail de moine, dopage intellectuel, vocation, vie(s) entière(s). 

Non en fait, j'étais assis dehors, un peu après l'heure des chichiguas, ce moment de la journée où les enfants règnent sur le ciel avec une armée de cerfs-volants, et une question m'est venue à l'esprit: qu'est-ce que le printemps quand l'hiver paraît comme un été?

La question se posait, après tout, un "Canadien" était nu-pieds sur le perron, à l'aise en janvier. Je me suis simplement dit que le printemps était une entente collective sur les limites d'une période de l'année. Rien à voir avec les températures, ici les chiffres importants, ce sont les dates. Un peu comme avec l'âge non? À sept ans, la raison, à seize, le permis de conduire, à dix-huit, le vomis légitime... On se fiche de la température humaine. La collectivité s'impose des moments symboliques importants, et à la longue, ses membres se délestent de leur jugement pour finir par se fier seulement à une subjectivité qu'ils se représentent comme objective.

Ainsi mesure-t-on la maturité avec des nombres, mais la conversation ne serait-elle pas un meilleur outil si l'on désire vraiment la mesurer? Vous allez me dire, mais Olyvier, un gouvernement ne peut pas faire une telle chose! En effet, et justement! Je m'explique, on s'attèle. 

À force d'utiliser les mesures du temps pour évaluer le cheminement d'un individu (efficacité collective, mais facilité individuelle), ne se décharge-t-on pas du souci de voir l'autre grandir, dans ses idées, ses expériences, son vécu? Il y a contagion des habitudes collectives au niveau personnel, pire, une épidémie. Nous campons le mouvement dans le temps chiffré, et non pas dans l'humain (sauf au niveau du corps: tel âge, tel aspect). Quand je dis mouvement, je pense au cheminement des idées de quelqu'un, de ses sentiments, de ses émotions, bref, de ce qui l'anime (la température humaine, le temps vécu). Mais on ne peut compter ce mouvement: le temps des dates, oui. 1-2-3-4 sera toujours plus facile que "Alors maintenant, comment te sens-tu, que penses-tu faire, qu'est-ce qui te tracasse, t'anime?". Tout ça sans parler des pressions sociales que l'on rattache à l'âge compté (tel âge, telle étape)... Bref,  c'est la dictature du nombre.

À quand le temps vécu, la proximité du partage?

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