Un jour, en buvant un cafécito bien mérité après une de ces sales journées de travail (dont deux heures à transporter des cannes à sucre), j'ai remarqué que je levais mon petit doigt à chaque gorgée. Vous savez, ce geste qui fait snobinard.
Je ne connais pas tous les détails concernant l'origine de ce petit geste qui en dit long, mais il me semble que la noblesse et la bourgeoisie d'autrefois prenaient soin de lever le petit doigt à l'heure du thé pour bien afficher la délicatesse de leurs mains, des mains blanches aux doigts fins qui n'ont jamais travaillé la terre et les champs, le bois et l'outil, mais qui ont manié la plume et le violon, l'argenterie et les cartes à jouer. Bref, le loisir avant le labeur.
Puis j'ai pensé à la plage, au touriste qui vient se faire grillé. Et si le bronzage n'était pas l'équivalent contemporain du petit doigt, la preuve d'aisance et de loisir étant cette fois-ci d'avoir la peau colorée, pour attester qu'on a eu le temps de se faire bronzer, et de boire ce lubrifiant social qu'est l'alcool durant ces fiestas endiablées? On a rencontré des touristes de partout, on s'est lâchés lousses et si notre peau n'arbore pas une couleur différente au retour, notre voyage sera jugé comme un échec. Pire, on doutera de la véracité de notre récit. Et bien entendu, il ne faudrait surtout pas être bronzé en habitant (paysan). Du petit doigt blanc, au "tan".
Bien sûr, il y a aussi une question d'esthétique et de mode. Autrefois, dans le monde dit occidental, plus la peau était blanche, plus elle était considérée belle, aujourd'hui, les blancs bavent pour de la couleur; ça fait plus vivant, l'exotisme. De l'autre côté, on vend des crèmes blanchissantes dans les pays du Sud, et à la télévision, en République dominicaine, on ne voit que des gens ayant une couleur de peau pâle.
C'est dire que la peau est un vêtement, car elle aussi soumise aux aléas de la mode superficielle des superficies. Elle est certainement le vêtement le plus instrumentalisé, le plus dérangeant que l'Histoire ait connu, ne serait-ce que par ses couleurs, ou par le simple fait d'être exhibée.
Malgré ce qu'on peut croire, c'est à dire ce qu'on ne voit pas, la couleur de la peau continue d'être un frein au progrès de l'égalité dans plusieurs coins du monde. Gardons nos épidermes sensibles à ces fumisteries dangereuses.
C'est dire que la peau est un vêtement, car elle aussi soumise aux aléas de la mode superficielle des superficies. Elle est certainement le vêtement le plus instrumentalisé, le plus dérangeant que l'Histoire ait connu, ne serait-ce que par ses couleurs, ou par le simple fait d'être exhibée.
Malgré ce qu'on peut croire, c'est à dire ce qu'on ne voit pas, la couleur de la peau continue d'être un frein au progrès de l'égalité dans plusieurs coins du monde. Gardons nos épidermes sensibles à ces fumisteries dangereuses.
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