samedi 18 février 2012

Lucioles et rubans


Assis sur mon patio, un Barbancourt à la main, je me suis rendu compte de la tendance que j'ai à tout faire pour provoquer des rencontres entre des gens que je connais, mais qui ne se connaissent pas.

Avant la rencontre, un rituel naturel survient en moi: j'ai l'intuition qui bave à sentir arriver une complicité inédite. Deux mondes que je connais s'apprêtent à s'accoster. Le carnaval et la foire en même temps! Des rubans et des confettis qu'on n'imaginait même pas verront le jour, et quand la rencontre se terminera, ils atterriront pour former un sédiment de couleurs fertiles.  Combien de fleuves couleront sur ces terres nouvellement sculptées! Quelle flore se déploiera sur ces champs inédits! Je vois le potentiel comme on voit une table. Quand l'intuition se prend pour une vérité. Car après tout, c'est en brassant les possibles qu'on fait des réels. 

Ces rencontres sont les lucioles de la complicité, elles créent des étincelles là où on ne s'y attendait pas, elle créent de l'énergie en libérant des ions d'alchimie. Les tics et les tacs et toutes les échelles des conventions se méprennent sur la physique de ces phénomènes; il n'y a rien à mesurer, tout à composer. Ici rien ne se perd, et tout se crée. Suffit d'être ouvert, attentif, de s'imaginer un ruban, soyeux, qui se tisse hors de chacun, mais à partir de chacun. Alors on met au monde un nouveau monde, on apprend en s'apprenant.

Ahh la complicité! Je n'en parlerai jamais assez. Qu'elle arrive par hasard ou par histoires, elle est toujours le fruit d'une ouverture à grand champ de vision.

Ainsi, avec le temps, elle devient l'Histoire vivante entre des gens: les jeux de références qui s'accumulent et qui savent ressortir au bon moment, les bonbons de grand-maman et les bières de l'oncle, les regards qui se comprennent, le silence qui en dit long. Tout devient parlant. Pour continuer la métaphore textile, les rubans,  ces bandes de tissu qui combinent l'attachement à la beauté, finissent par former des constellations de broderies qui s'agencent au mouvement du temps, à la température humaine. 

Sans le temps, c'est la fraîcheur de la surprise: différents esprits réalisent la même chose, au même moment, sans se connaître et sans avoir parcouru les mêmes expériences de vie. Personne ne s'y attendait, et c'est arrivé, on découvre ce qu'on ne cherchait pas, l'inattendu; sans le savoir, on bascule dans le royaume furtif de la Sérendipité. Combien de couples et de folies et d'amitiés sont nés de ces spontanéités!

Définitivement, je ne finirai jamais d'en parler. Qui peut savoir qu'est-ce qui se passera la prochaine fois?



ps: la sérendipité, c'est comme quand on voulait photographier un franbollan (l'arbre en fleurs oranges), et qu'on découvre qu'il y a un aigle sur la photo, en haut à gauche. 

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